Débarquement du 6 Juin 44

Synthèse de la journée du 6 juin 1944 à Omaha Beach

Omaha Beach, autrefois « plage des sables d'or », correspond à une plage de sable de 6 km de long, bordée par un espace alternant marécages, dunes et villas (détruites) et, surplombée par un plateau dont le rebord forme des falaises mortes (30 à 40 m de haut) qui sont entaillées de 4 vallons correspondant aux villages de Colleville sur Mer (est), Saint Laurent sur Mer (centre) et Vierville sur Mer (ouest), ainsi qu'un vallon nommé le Ruquet, à Saint Laurent.
Omaha sera l'une des deux plages de débarquement du secteur américain le 6 juin 1944, avec Utah Beach.

En complément 3 sites web conçus par un habitant historien  de SLM :


1-Quelles sont les forces en présence ?

  • Les défenses allemandes

-Présence d'environ 800 soldats près de la plage : il s'agit d''éléments de la 716°DI et, depuis janvier 1944, de la 352°DI dont plusieurs compagnies sont présentes sur les hauteurs d' Omaha. Il faut ajouter la présence de nombreuses batteries d'artillerie au niveau de la nationale 13 et de réserves à l'arrière (15 km). Donc, au total, environ 2000 soldats allemands à proximité d'Omaha.

  • Omaha est protégé par de nombreuses défenses :

    • environ 4000 obstacles sur la plage : sur la partie découverte à marée basse (avec des mines fixées)des portes belges,  troncs pointus, pieux , hérissons tchèques.
    • aux sorties de plage (entrées de village) : des murs antichars et fossés antichar avec mines et barbelés.
    • sur le haut des falaises, à l'entrée des vallons, 14 WN (Widerstandsnesten) sont des points fortifiés avec des casemates et tobrouk en béton qui abritent des canons, mitrailleuses, tourelles de char, mortiers... le tout parcouru de tranchées et protégé par des barbelés et des champs de mines. Certains WN ne sont pas encore terminés.
    • à plus longue distance se situent des batteries de canons très puissants : Pointe du Hoc, Longues sur mer, Maisy.

  • Les forces américaines


Les américains ont prévu de faire débarquer 2 divisions : la 1re division américaine «Big Red One », une unité expérimentée et la 29e division « Blue and Grey », inexpérimentée, ainsi que deux bataillons de rangers, des unités du génie et diverses unités d'appui, sur quatre secteurs de débarquement nommés, d'ouest en est : "Charlie", "Dog", "Easy" et "Fox". Le général Gerow, commande le 5ème corps d'armée américain, et le général Bradley, commande la 1ère armée américaine.

En fait, le débarquement sera exécuté par deux "Regiment Combat Teams" (RCT), à l'ouest, le 116 RCT de la 29e division (major général Gerhardt) et à l'est, le 16 RCT de la 1re division (major général Huebner). Les RCT étant des régiments d'infanterie renforcés de bataillons de tank, d'unités antiaériennes et autres moyens d'appui.

2-Le déroulement du débarquement le 6 juin


1-Les préliminaires ratés

Vers 4 h du matin les navires approchent d'Omaha, mettent à l'eau des péniches puis transbordent les soldats. Ensuite, ce sera le départ des tanks, puis vers 5H20, les chalands partiront vers la plage.

De 6h à 6H30 des bombardements qui visent le littoral interviennent par :
-454 avions B-24 qui larguent 1300 tonnes de bombes qui explosent toutes à 5 km à l'intérieur des terres en raison de difficultés liées à la couverture nuageuse et à trop de prudence pour ne pas toucher les chalands qui approchent de la plage.
-18 navires de guerre (cuirassés, destroyers...) tirent, à longue distance, des obus qui, eux aussi, arrivent trop à l 'arrière.
Beaucoup de bruits et fumées mais rien n'est détruit !


2-Heure H : Arrivée catastrophique des chars shermans

Il est prévu d'envoyer 112 chars sur la plage, soit en les transportant sur des LCTA, soit en les faisant naviguer pour les chars en Duplex Drive (enveloppés d'une jupe de caoutchouc qui assure la flottaison). Côté Colleville, sur 32 chars qui doivent naviguer, 3 seulement parviennent sur le sable ! en effet, la mer agitée avec des courants fait couler 27 chars ! Finalement, seulement 47 chars arrivent, avec retard et dispersés sur la plage, beaucoup sont détruits par les canons allemands.


3-H+1 (6H31) l'horreur pour la 1° Vague de fantassins

50 chalands (LCA et LCVP) permettent à 1550 Gi's de débarquer : les allemands attendent l'ouverture des péniches pour les massacrer avec les mitrailleuses : c'est l'enfer. Ainsi, la compagnie A, à Vierville, perd, en quelques minutes, 100 gi's sur 155. Ailleurs, le feu est intense ; de plus, beaucoup de chalands ont dérivé vers l'Est, sont éparpillés et arrivent avec retard. Les Gi's, surchargés, sont fauchés ou, blessés, se noient dans les trous d'eau. Ils ne peuvent s'abriter que derrière les obstacles de la plage, quelques uns parviennent au pied du cordon de galets, en haut de la plage. C'est l'horreur avec du sang, des blessés, des morts partout et des survivants apeurés incapables de réagir. De là, le surnom « Omaha la sanglante »


4-H+3 : Sapeur et Génie... inutiles

Juste après la première vague, 1000 sapeurs (engineers) arrivent sur 24 LCM pour faire 16 brèches au milieu des défenses sur 500 m de plage afin de permettre aux chalands suivants d'aborder en sécurité. La situation se renouvelle :les chalands dérivent et le feu allemand inflige de très lourdes pertes (40%) d'autant que les sapeurs portent des explosifs. Seules 6 brèches partielles seront réalisées, concentrées en deux endroits. Le génie, présent, ne pouvant ouvrir les valleuses, utilisera les fusils à la place des pelles !


5-7H à 8H : des renforts sous une pluie de balles

De partout arrivent régulièrement des renforts qui comprennent vite qu'il ne faut plus débarquer face aux entrées de plage où les allemands massacrent les Gi's mais face à l'escarpement des falaises. A 7H30, la deuxième vague arrive avec la marée haute sur une plage congestionnée. Vers 8 h, approchent 9 gros LCI (péniche de transport de 50 m de long avec 200 Gi's), trois seront détruits. Les soldats sont épuisés et traumatisés, paniqués au milieu des tirs et de la fumée, complètement perdus parmi des morts, blessés, et du matériel détruit, y compris les radios. C'est l'enfer. Désormais, il faut avancer ou mourir !

6-7H30 à 9H : Premiers succès

A partir de 7H30 des officiers débarquent (Général Cota sur Dog et Colonel Taylor sur Easy) qui vont galvaniser et réorganiser les hommes :
"il faut sortir de cette foutue plage"
"ils nous assassinent ici, allons nous faire tuer à l’intérieur des terres"
"Foutez le camp de la plage, si vous restez, vous êtes morts ou vous allez bientôt crever"
" il y a 2 sortes d'individus qui restent sur la plage, les morts et ceux qui vont mourir : foutons le camp d'ici en vitesse "
« si nous devons être tués, autant tuer quelques allemands avant ! »

Des percées sont réalisées entre les valleuses, telle la première à 7H de Spalding et Dawson entre Colleville et Le Ruquet. Ensuite des WN sont pris à revers : dés 7h15, à Vierville, le WN 73 est pris par les rangers ; puis à Colleville, le WN 60 sur les hauteurs suivi du WN 61 en bord de plage. Les percées se multiplient, entre Saint Laurent et Vierville où Cota avec les rangers avancent, de même entre Saint Laurent et le Ruquet. Des nids de mitrailleuses sont détruits (en bord de plage à Saint Laurent) puis au WN 70 près de Vierville.

Ce sont les premiers succès dus à l’héroïsme et au courage des Gi's que les généraux, restés sur les navires au large, n'ont pas encore eu connaissance.


7-10H : les clés pour réussir

Vers 10h, 11 destroyers de la marine s'approchent enfin d'Omaha, à moins d'1 km, et tirent avec succès sur les WN.

Le vallon du Ruquet est cerné par les Gi's qui d'abord prennent à revers le WN64, puis grâce aux tirs de destroyers, de chars et, enfin, d'un half-track détruisent le WN 65 ; ils permettent donc d'ouvrir la sortie E1. Les sapeurs s'activent et à 15H la première sortie d'Omaha est ouverte qui permet de dégager matériel et hommes sur le plateau d'autant que des renforts arrivent toujours (2500 hommes du 115th débarquent à 11H). A midi, déjà 20000 hommes ont débarqué.

8-Après midi : derrière la plage, prise des villages

En fin de matinée la bataille de la plage se termine et commence donc la bataille dans les terres pour la conquête des villages.
Vierville sera le premier village libéré facilement car les allemands l'ont abandonné pour mieux renforcer leurs positions à l'arrière. Vers midi, des obus détruisent les défenses à l'entrée de la valleuse et vers 12H30, le général Cota descend vers la plage.
Les villages de Colleville et Saint Laurent vont connaître une même évolution : ils sont défendus avec férocité par les allemands qui doivent après plusieurs heures de combat abandonner le secteur de l 'église, toutefois une partie du village demeure aux mains des allemands, renforcés dans l'après midi à Colleville par la contre attaque d'un bataillon de réserve.


9-En fin d'après midi, ouverture des vallons

Depuis 15 H, au Ruquet la sortie E1 est ouverte et la circulation y est « fluide »

-A Vierville, vers 15 h le mur antichar est détruit, et il faut attendre 18 h pour que la route soit ouverte et permette vers 21 h à 23 chars d'accéder au village. Au sud de Vierville, les Gi's sont toujours bloqués par les positions allemandes.
-A Saint Laurent, aux Moulins, les tirs de snipers empêcheront le travail des sapeurs jusqu' à 21H.
-A Colleville, le Wn 62 étant pris à seulement 15H, les sapeurs travailleront dans la longue valleuse à partir de 20 h pour ouvrir la route à 1 h du matin pour permettre à 17 chars de s'engager.

10-Soirée et nuit sont agitées

L' Etat major débarque à partir de 17H sur la plage pour installer les QG sur les hauteurs. Les derniers renforts de la 26th infanterie débarquent 2500h vers 18H30 qui se regroupent sur le plateau.

Pendant ce temps les «medic» (infirmiers) essaient de maintenir envie les trop nombreux blessés à l'aide de morphine et perfusion. Les Gi's s'enterrent dans leurs trous pour passer la nuit durant laquelle de nombreux allemands vont profiter pur s'enfuir.

Au matin, les villages de St Laurent et Colleville complètement encerclés par les Gi's sont rapidement pris ce qui favorisera l'avancée vers l'intérieur des terres.


11-Le bilan

Le pertes humaines sont très lourdes, longtemps estimées à 3000 hommes dont 1000 à 1200 tués, elles sont aujourd'hui relevées à 4700 avec 2000 morts ou disparus. (Historien J Balkoski en 2004).

Les allemands ont des pertes de 1200 h dont environ 200 morts, 500 disparus et 500 blessés (chiffres sous réserve)

Le soir du 6 Juin, la tête de pont est étroite (2 km sur 8 au lieu de 25 km sur 8 de prévu) mais plus de 34000 hommes sont débarqués avec 3400 véhicules. Le débarquement a donc réussi au prix de lourdes pertes.


3-Que se passe-t-il ensuite ?


  • Progression


Le 7 juin débarque la 2°DI (Indian Head) qui permet de libérer les villages voisins. Le 9 Juin Isigny, Colombières et Bricqueville sont libérés et le 10 Juin suit Trévières. La bataille des haies, très meurtrière, commence.

  • Divers Aménagements et Constructions :

    • construction d'un terrain d'aviation à Saint Laurent, opérationnel le 9 juin à 18H qui évacuera 11.000 blessés puis servira pour le stockage de carburant pendant l'été. (1000T par jour). Un autre terrain sera construit à Colleville. Ils cesseront leurs activités fin septembre 1944.
    • Construction d'un port Mulbery A du 7 au 16 juin avec Gooseberry (navires coulés comme brise lames), bombardons brise lames, caissons phoenix, passerelles avec quais flottants et causeways qui permet de débarquer 800 t/jour. Du 19 au 22 juin une tempête détruit le port. Il continue de fonctionner différemment en utilisant des navires LST échouables avec 5000 T de charge, des pontons rhinoferry automoteurs et des Dukw (véhicules amphibies) ; ce sera le premier port normand pendant l'été 1944. En effet chaque jour sont débarqués 10 à 14.000 tonnes de marchandises contre 3000 à 6000 T à Arromanches malgré sa structure, ce qui démontre l'inefficacité de ce type de conception de port coûteux et délicat à transporter! Le port d'Omaha arrêtera son activité le 19 novembre 1944.
    • Construction d 'un cimetière provisoire le 7 juin, entre Saint Laurent et Vierville avec 457 soldats inhumés. Le 10 juin, création sur le plateau entre Saint Laurent et Colleville du cimetière provisoire N° 1 qui, à la fin de la guerre, comprendra 3797 sépultures. En 1947, les américains décident d'implanter à Colleville un cimetière définitif permanent qui a aujourd'hui 9387 tombes.
    • Construction d'hôpitaux sous toile, de camps de prisonniers...


Source :


Compléments :

3 sites web conçus par un habitant historien  de SLM




Ce site est exclusivement consacré à OMAHA BEACH et présente essentiellement des thématiques autour du débarquement du 6 juin 1944. Ce site n'est pas exhaustif : il va à l'essentiel, en s'adressant à tous, afin de mieux comprendre et analyser l'ensemble des événements. Si le débarquement du 6 juin est au coeur de ce site, il est restitué dans le contexte historique de l'époque et dans l' environnement géographique local, qui sont donc présentés, toujours accompagnés de nombreux documents et témoignages. Le texte, simple mais clair, est illustré avec une iconographie abondante et variée : nombreuses cartes, photos, cartes postales, témoignages, affiches, citations, documents sonores...

Tous les aspects du débarquement sont présentés : le quotidien des villages et des habitants, les raids des commandos, l'activité de la résistance locale, les forces en présence, le matériel utilisé, les défenses allemandes, les préparatifs alliés, l'importance de la logistique, les étapes du débarquement (avec de nombreuses cartes et schémas explicatifs), le rôle du port artificiel, la présentation des autres sites liés au débarquement à Omaha Beach. Le cimetière américain de Colleville se présente sous forme d'un nouveau dossier particulièrement approfondi et détaillé, avec en particulier son historique.
Des analyses spécifiques présentent le bilan, le rôle réel joué par le port artificiel, la stratégie américaine et ses failles, les relations entre normands et libérateurs ...






Omaha est devenu un site et un évènement incontournables non seulement dans l'histoire du débarquement mais aussi dans la deuxième guerre mondiale puisqu'il s'agit de la seule "bataille" systématiquement honorée et commémorée : on parle d'une plage "sacrée" et de "l'épopée héroïque" des Gi's, le tourisme de mémoire voit affluer des milliers de visiteurs, les commémorations décennales attirent de très nombreux chefs d’État, ce qui, par le passé, n'était pas le cas. Il est impensable, actuellement, de ne pas mettre en lumière cette plage lors d'une évocation du débarquement, surtout dans les médias, quels qu'ils soient. C'est donc une plage devenue mythique avec ses lieux symboliques: cimetière de Colleville, sable de la plage, pointe du Hoc : il faut analyser comment s'est construit au fil des ans ce statut et s’interroger s'il faut démythifier Omaha…

Désormais, les commémorations sont devenues festivités accompagnées d'un folklore et d'un mercantilisme navrant, l"histoire du débarquement se ramène à des clichés simplistes (Pointe du Hoc), à des fictions (clocher de Sainte Mère, Pégasus) et des exagérations (Port d'Arromanches) avec des médias qui les véhiculent sans cesse, et donc, des touristes qui gobent tout cela et croient, ainsi, que tout ce qui a été débarqué après le 6 juin est passé par le port d'Arromanches car les guides annoncent fièrement «Presque tout a transité par ici pendant cinq mois ». Cela suffit... d'autant que certains essaient d'exploiter ce filon et n'hésitent pas à raconter n'importe quoi, ce qui sera l'objet d'une nécessaire "démystification" qui relève, souvent, de la médiocrité du mystificateur, ou d'un intérêt économique.


 

Une présentation du réseau de résistance spécialisé dans le renseignement ALLIANCE, d'abord sur le plan national, puis localement avec le secteur "Ferme", sous secteur "Jardin" qui opérait dans le Bessin avec plusieurs agents qui résistaient dans le secteur d'Omaha.

Ce site est basé sur les nouvelles sources et documents déclassifiés allemands et français Désormais ces archives mettent un terme aux mensonges et duperies concernant un pseudo résistant local, relayées localement par la presse et office de tourisme bien complaisants et prêts à tout pour publier des articles accrocheurs sans aucune vérification.

Ce site web se veut simple et accessible à tous. Il présente des documents très variés : biographies, historiques, chronologies interactives, cartes dynamiques, illustrations, tableaux, graphiques, diagrammes, vidéos, photos et surtout toutes les archives allemandes (rapports et interrogatoires, originaux accompagnés de la traduction en français).